En tant que lyonnais, voilà de (trop?) nombreuses années que nous entendons parler de cette « arlésienne » que représente le Musée des Confluences. Depuis près de 15 ans, ce musée a agité le monde politico-médiatique, pour enfin ouvrir fin décembre 2014. Alors, halte aux scandales financiers, techniques ou politiques… Maintenant que le musée est là, il va bien falloir vivre avec et aller découvrir ce bâtiment, nouveau symbole fort de notre ville ! Invités avec Slo living hostel pour visiter le musée en « nocturne », voici nos premières impressions sur le Musée du Confluence !
L’architecture
De ce point de vue, le musée des confluences ne laisse personne indifférent. A peine rentré dans le cristal, le hall d’accueil, les avis des visiteurs divergent. On entend des « ouaaah » émerveillés mais aussi quelques « quelle horreur ».
Charlotte, avait déjà été conviée en tant qu’architecte à une visite en avant première du chantier et n’avait pas forcément été emballée par le côté « massif » du « cristal », immense hall de 33 mètres de hauteur. Il est évident que la prouesse architecturale et technique est de taille, comme en témoigne l’immense puit de gravité qui soutient l’ensemble de la structure. Alors bien sûr, implanter ce musée de 180m de long sur 90m de haut sur un territoire aussi instable que la confluence a été un pari incroyable (le musée est implanté à l’extrême Sud de la presqu’île lyonnaise à l’endroit ou la Saône et le Rhône se rejoignent). Imaginez-vous, il a fallu plus d’acier que sur la Tour Eiffel pour stabiliser la structure !
Alors si en plus des tonnes d’acier vous rajoutez l’architecture dite « déconstructive » de Coop Himmelb(l)au, vous obtenez, de notre point de vue, un musée moins réussi que le musée juif de Berlin, l’opéra d’Oslo, le MUCEM à Marseille ou plus récemment la fondation Louis Vitton de Frank Gerry.
Au musée des Confluences, l’accent a été trop mis sur le côté « spectaculaire » au détriment d’une ambiance architecturale « fine » et « poétique » que l’on peut retrouver dans d’autres musées de classe mondiale. Le cristal, qui est certes très impressionnant, fait parfois plus penser à un hall d’aéroport ou à un vaisseau spatial. Rajouter à cela quelques aspects un peu « kitsch » comme les spots bleus qui éclairent la structure et vous comprendrez pourquoi le Musée a pu nous laisser une impression finale un peu mitigée.
Mais avons tout de même retenu du positif d’un point de vue strictement architectural. Ne faisons pas les difficiles non plus ! La signalétique est minimaliste et magnifique, tout comme la scénographie. Les circulations sont également très efficaces : un grand couloir, des numéros signalant discrètement chaque salle d’exposition (un peu comme une surprise regorgeant mille trésors à chaque coin du musée), et des bancs tout en longueur pour se reposer.
J’ai pour ma part énormément apprécié l’aile Sud du musée, beaucoup plus aérienne et qui donnera bientôt sur plus de 24000m2 de jardins sur les berges du Rhône. Le nuage semble ici en lévitation, et les formes déstructurées, plongeant dans un grand bassin, prennent tout leur sens. J’ai également beaucoup apprécié les vues nocturnes sur le tout nouveau pont Raymond Barre, mais aussi et surtout sur le pont métallique de la Mulatière, dont l’architecture et l’éclairage blanc sont valorisés depuis les espaces extérieurs.
Les collections
Alors là rien à redire. Lyon s’est vraiment doté d’un outil de classe mondiale. Les salles s’étendent sur plus de 3 000 m2, et ce uniquement pour la collection permanente ! Cette dernière propose de raconter le grand récit de l’humanité en quatre expositions distinctes qui décrivent et présentent la question des origines et du destin de l’humanité, la diversité des cultures et des civilisations mais aussi la place de l’Homo sapiens dans la chaîne du vivant.
Une grande partie du célèbre Musée Guimet a été rapatriée au Musée des Confluences. Le Musée Guimet ? C’est ce musée qui a fait rêvé tous les écoliers lyonnais, qui a bercé leur enfance, lorsque petits, ils découvraient pour la première fois un squelette de dinosaure, un mammouth ou des papillons multicolores ramenés par Emile Guimet, industriel lyonnais et grand voyageur passionné de civilisations.
A noter aussi quelques innovations avec la mise en place d’écrans tactiles, de bornes 3D mais aussi la mise à disposition du public de nombreux objets en libre accès pour toucher, tester, sentir, écouter, etc. Bref, un festival de couleurs, d’animaux, de projections, etc. qui feront revivre votre âme d’enfant et satisfera votre soif de connaissances !
Les collections permanentes sont complétées par des expositions temporaires passionnantes. Nous avons eu l’occasion de visiter l’exposition retraçant la conquête du Pôle Sud. Cette exposition décrit la course épique entre une équipe norvégienne et l’autre britannique mettant en péril leurs vies dans un seul objectif : être les premiers à planter leur drapeau au Pôle Sud entre expériences scientifiques, défi humain et descriptions géographiques.
LE BILAN
Alors oui, le Musée des Confluences a coûté cher, trop cher par rapport au budget initial et d’autres projets de musées de cette envergure. Oui c’est un objet architectural qui peut faire débat. Mais il y a un point que personne ne peut contester : le Musée des Confluences est un endroit formidable pour la ville, ses habitants, ses enfants, ses étudiants, ses touristes. C’est un musée passionnant, confortable, qui permettra, j’en suis sûr de diffuser le savoir et de faire naître quelques vocations ! La politique tarifaire est également plutôt abordable pour un musée de cette classe (gratuit pour les étudiants, -26 ans et chômeurs). A noter également que l’entrée du Musée est à 6EUR tous les jeudi soir de 17h jusqu’à 22h. Une bonne occasion d’aller manger une petite douceur de chez Pignol (célèbre traiteur lyonnais) au Compoir Gourmand ou à la Brasserie des Confluences (que l’on a préféré au Comptoir, un peu trop froid, à l’image du service…)
Nous nous sommes déjà donné comme objectif de revenir lorsque les températures seront plus clémentes et les jours plus longs, pour finir de visiter les collections permanentes, profiter du nouveau Jardin, prendre l’apéro sur les toits du musée et découvrir de nouvelles vues exclusives sur Lyon !